Ma Chronique Vinyle - Jour 5
Christophe est mort. Je n’ai aucun vinyle de lui. J’ai beaucoup de Cds. Mon préféré est Comme si la terre penchait. Un disque sorti en 2001. J’ai connu une fille qui l’écoutait en boucle, surtout le passage où il chante « Elle veut des grands palais de marbre rose / pleins d’escaliers / pour ses nuits blanches / des jardins suspendus / au-dessus du temps », paroles qui me serrent le ventre d’émotion chaque fois qu’elles résonnent dans ma tête avec les intonations de Christophe et aujourd’hui davantage encore. Je l’ai vu deux fois en concert. Pour la première, à Beaubourg, il a entamé le concert d’une voix fragile qui a figé la salle dans un silence religieux puis a enlacé son copain Alan Vega de Suicide, venu le rejoindre sur scène. Dans le public, il y avait les musiciens du groupe Tanger, que je connaissais un peu. L’un d’eux, le guitariste Christophe Van Huffel, réaliserait son disque suivant, Aimer ce que nous sommes et allait l’accompagner sur scène longtemps encore. Il serait à la gauche de Christophe pour les très belles dates enchainées à la salle Pleyel ensuite, que ce dernier aimait pour « ses fantômes ». Il paraît que pour leur première rencontre, ils ont joué toute la nuit dans l’appartement de Christophe. Il avait la réputation de donner leur chance à des jeunes musiciens. J’aime bien aussi les versions intimes au piano seul de ses anciens tubes, « Aline », « Les mots bleus ». Il disait qu’il avait appris à jouer du piano tout seul. Je me souviens d’avoir abusé d’une devinette à une époque : « Tu sais qui a écrit Les Mots Bleus ? », parce que personne n’aurait pensé que ce n’était pas Christophe lui-même et encore moins Jean-Michel Jarre... De lui j’ai bien quelques vinyles, dont Equinoxe, mon préféré. Mais ils ne remplaceront pas ceux de Christophe.