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  • Photo du rédacteurmatthieu davette

Miles Davis, Kind of Blue

Dernière mise à jour : 12 mai 2020

Ma Chronique Vinyle - Jour 3

Ceux qui ont des enfants le savent, un cadeau de fêtes des pères, ou d’anniversaire, peut devenir précieux. Un marque page, une petite boite, un poème encadré. Vous le mettez sur votre bureau ou vous voyagez avec. Le cadeau d’un père à son fils peut aussi le devenir. Voilà quelques années, peut-être à cours d’idée pour les cadeaux de Noël, ou au contraire, pris d’une soudaine inspiration, mon père m’a offert un disque vinyle à Noël. Pas n’importe lequel. Un de ses préférés et le premier qu’il s’était acheté, Kind of Blue de Miles Davis. Ce n’était pas trop ma tasse de thé, alors j’ai remisé le disque amoureusement, conscient de sa valeur sentimentale, sans l’écouter vraiment. L’autre jour, toujours à la recherche de « nouveautés » dans ma discothèque pour ne pas lasser mon entourage, j’ai mis le disque. Passé « So What », tellement entendu, le son de la trompette bouchée de Miles s’est détaché dans la pièce, si pur et si simple à la fois, il m’a happé et presque donné les larmes aux yeux. Sur « All Blues », le quatrième morceau, à nouveau quelques notes cristallines lançaient les interventions de Coltrane et Adderley, sur un mix aéré, collectif, laissant la part belle à chacun, et je décidais d’appeler mon père. Enthousiaste, je lui dis : « C’est ton premier disque, c’est ça ? » « Ah pas vraiment », me dit-il touchant là à un mythe personnel. En 1959, alors qu’il avait dix-sept ans, il s’était acheté Kind of Blue. Il avait entendu cette musique à la radio et elle représentait ce qu’il trouvait de plus beau, tout simplement. Il se lança ensuite dans des études qu’il finançait seul et eut bientôt besoin d’argent, alors il vendit le vinyle à son cousin. Quelques temps plus tard, il le rachetait et c’est cet exemplaire que j’écoutais ce jour-là, prenant une valeur davantage symbolique. Je parcourais ensuite les notes de pochette à la recherche d’information, d’une date. Elles mentionnaient l’année 1963 et la récente venue de Miles Davis au théâtre des Champs-Elysées, enfin consacré. Elles terminaient sur le fait que Miles avait écrit les morceaux quelques heures avant d’entrer en studio. Ils avaient été enregistrées en deux jours. Ces informations me laissèrent songeur. A l’autre bout du spectre, le groupe My Bloody Valentine avait mis trois ans à accoucher de l’album Loveless et la légende voulait que son leader avait été incapable de finir les morceaux de l’album suivant, trop perfectionniste. Tiens, au fait, Loveless, je l’avais acheté en cassette à l’époque. Voilà un vinyle qui me manquait. (06/04/2020)

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